Le billet d’humeur #01

OSER S'EXPRIMER SUR LES RÉSEAUX ?

Le principe du Billet d’Humeur : Une Âme de Scribe sélectionne une publication vue sur les réseaux sociaux (en lien avec les mots, la spiritualité ou tout autre sujet invitant à remettre du sens et de la conscience sur nos schémas de pensée) et vous partage ses réflexions.

Le thème du jour...

Sur les réseaux, parler ou se taire ?

Il y a 10 ans de ça, je m’exprimais beaucoup sur les réseaux sociaux. Bien plus qu’aujourd’hui !

 

À cette même époque, j’étais très active dans le microcosme de la salsa et de la kizomba et Facebook était mon exutoire pour jeter des pavés dans la marre. Je dénonçais tout haut, ce que les autres pensaient tout bas. Ça plaisait beaucoup. J’avais pas mal d’audience. De quoi faire mousser mon ego.

 

Puis j’en ai eu marre d’initier des polémiques. C’était trop énergivore. L’hypersensible que j’étais (encore aujourd’hui) souffrait des interventions au mieux stériles, au pire haineuses. Et je comprenais pourquoi certains préféraient se taire.

 

Mais c’était plus fort que moi, je retournais toujours dans l’arène ! Jusqu’à l’intervention de trop, celle qui m’a valu des ruptures avec quelques « amis ».

 

Je suis donc allée interroger ce besoin constant chez moi, non seulement de l’ouvrir, mais de l’ouvrir haut et fort.

 

À bientôt 40 ans, on peut dire que j’ai mis de l’eau dans mon vin… Beaucoup ! Si ma nature cherche toujours à s’exprimer, elle emprunte des chemins, me semble-t-il, plus sains et apaisés (sauf en famille… C’est fou comme la famille est un espace systématiquement propice au pétage de plombs ! Non ?)

 

Alors quand j’ai lu un post sur LinkedIn invitant chacun·e à reprendre son pouvoir d’expression et à oser prendre la parole sur les réseaux, je n’ai pas pu m’empêcher d’intervenir.

Vu sur LinkedIn...

Une publication de Marie Gaymard qui disait ceci :
 

L’énorme paradoxe de la majorité silencieuse, c’est qu’elle a constamment besoin de la minorité agissante.


Ceux qui scrutent les jeux de contenus/commentaires passivement 🍿 – ne peuvent le faire que parce qu’il y en a :
1 – certains qui osent créer
2 – d’autres qui osent réagir

 

C’est une mécanique purement algorithmique.
Les publications des uns appellent les réactions des autres et arrivent progressivement sur le feed des silencieux passifs.

 

Mais ce système a des limites :
– Il nuit à la diversité des opinions
– Il favorise l’entre-soi
– Il génère des bulles
– Il favorise le scroll compulsif
– Il nourrit le règne des apparences

 

Le monde virtuel a besoin de tout le monde.

 

Si ce n’est en tant que créateur (ce que je conçois), au moins en tant qu’individu libre qui a la chance d’avoir un langage pour faire valoir sa liberté.

 

Osez ?

Ce que j'en pense...

✅ « L’énorme paradoxe de la majorité silencieuse, c’est qu’elle a constamment besoin de la minorité agissante. »
✅ « Le monde virtuel a besoin de tout le monde. »

 

Je dirais même : « le monde a besoin de tout le monde » (sur le net et les réseaux, comme dans la vraie vie).

 

Cela étant,

 

👉 Même si je défends haut et fort la liberté d’expression et de parole ;
👉 Même si le langage est un outil redoutable pour faire valoir sa liberté ;
👉 Même si l’entre-soi est une menace pour la pensée critique ;
👉 Même si je suis frustrée que certain·e·s se taisent au lieu d’exposer leurs idées, souvent bien plus pertinentes et lumineuses que la majorité des lieux communs qui circulent déjà ;
👉 Même si d’un point de vue parfaitement égocentré, je « maudis » (joke) intérieurement ceux qui me font des retours en privé au lieu de les exprimer publiquement sous mes publications (particulièrement quand il s’agit de retours positifs / flatteurs / encourageants / instructifs… un peu moins quand c’est de la merde, mais ça, ça n’arrive pas (encore), le privilège d’avoir une audience limitée réduite à un entourage bienveillant de proximité) ;

 

N’est-ce pas là le jeu de la vie ?

 

🤔 Sommes-nous tous destinés à nous exprimer par la parole ?
🤔 La prise de parole (orale ou écrite) est-elle l’unique façon de s’exprimer ?
🤔 La prise de parole (orale ou écrite) est-elle l’unique façon de nourrir la pensée, la réflexion ?
🤔 La majorité silencieuse n’a-t-elle pas son propre rôle à jouer ?
🤔 La majorité silencieuse ne contribue-t-elle pas au monde d’une autre manière (tout aussi utile et légitime), par son action au quotidien ou par sa présence pacifique ?
🤔 La majorité silencieuse ne libère-t-elle pas de l’espace pour permettre à ceux qui s’expriment avec talent de le faire ?
🤔 Si la majorité silencieuse prenait part au débat et commentait, ne régnerait-il pas un inaudible brouhaha ? (Sans elle, je trouve déjà assez bruyant le brouhaha ambiant…)

 

Je n’ai pas de réponse. Je ne détiens aucune vérité. J’interroge seulement ma posture et ma façon de penser.

 

J’adore écrire.
Je suis convaincue que le langage est un puissant canal d’expression, de réflexion, d’inspiration, d’influence, d’évolution, d’action… Cependant, parvenir à mettre en mot ce qui n’existe qu’à l’intérieur de soi est un véritable talent et relève parfois du défi impossible pour celles et ceux qui n’en sont pas dotés. Alors j’ose croire, humblement, que lorsque je prends la parole, je le fais non seulement pour moi mais également pour celui ou celle qui ne sait ou ne peut pas le faire.

 

Chaque personne est unique et singulière.
Dans la majorité silencieuse, il est de multiples dons précieux qui se déploient, sans avoir besoin des réseaux pour cela. J’honore ces dons que je n’ai pas et j’honore aussi les miens.

 

🙏 Merci Marie Gaymard pour ton post qui m’a invitée à aller au-delà de ma croyance première.

 

(Vous pouvez librement vous exprimer ou vous taire en suite de ce billet d’humeur… Même si… 😁)